Script

mercredi 7 mars 2012

Gaza au bord de la crise humanitaire

Depuis près de trois semaines la bande de Gaza subie de longues coupures de courant en raison d'une pénurie de carburant qui d'habitude fait fonctionner sa centrale électrique.
Cette crise énergétique qui prive les gazaouis d'éléctricité pendant la majeure partie du temps menace de se transformer en crise humanitaire.


Les origines de la crise
Depuis 2007 la bande de Gaza est l'objet d'un blocus accru en rapport avec l'accession du Hamas au pouvoir.
Ce blocus imposé par Israël et l'Egypte, principaux partenaires de Gaza, se traduit évidemment par de lourdes conséquences économiques.
Dans le même temps les transferts de fonds aux autorités locales de la part de bailleurs internationaux ont cessé rendant difficile l'exercice des dépenses publiques.
Selon la Banque mondiale 95% de l'activité industrielle a été stoppée avec pour conséquence une importante augmentation du chômage.
En 2009 et selon l'Ocha, le chômage atteint 42% de la population active (30% pour les jeunes) et 70% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Cette même année l'asphyxie prend un tournant énergétique avec une interruption de la livraison de carburant par Israël.
Si le blocus s'opère des deux côtés de la frontière gazaoui, du côté egyptien le transit du carburant s'organise tant bien que mal par voie de tunnels. Mais ce seul moyen de contrebande ne suffit pas pour procurer des produits en quantité plus grande avec de meilleurs prix.
La dernière tentative d'apporter aux gazaouis de la visite sur son sol, des biens et du réconfort a été entreprise par la flotille de la liberté fin mai 2010 avec le résultat qu'on connait.
Les aléas de la politique internationale et les disputes internes allongent les crises pendant que l'isolement de la bande de Gaza continue.
Depuis plusieurs semaines l'interruption du transit de carburant par tunnel depuis l'Egypte a provoqué une pénurie qui plonge la bande de Gaza dans de longs black out avec des conséquences néfastes sur la vie de ses habitants et sur l'économie locale.


Près de 30% de l'electricité à Gaza est fournie par l'Egypte et Israël
L'unique centrale de Gaza qui a besoin de plus de 400 000 litres de carburant par jour pour pouvoir fonctionner a fermé le 14 février nous informe electronic intifada.
Le 18-19 février du carburant aurait transité par un tunnel en provenance d'Egypte mais la quantité reste insuffisante pour redémarrer la centrale.
Avec 120 MW fourni par Israël et malgré tous les efforts pour importer le précieux carburant depuis l'Egypte le compte n'y est pas.
L'incapacité de l'unique centrale (privée) dans l'enclave palestinienne à fonctionner représente un déficit d’énergie aux alentours de 70%.
L'offre trop faibles des deux partenaires/bloqueurs de Gaza ne permet pas de rétablir un niveau de production électrique correcte ou de combler les besoins de la population qui dispose de 6 heures d'électricité par jour.


Les gazaouis essaient de s'adapter aux difficultés
Ne pouvant fonctionner que quelques heures par jour les réfrigérateurs deviennent inutiles aussi bien chez les particuliers que chez les commerçants.
Les étudiants qui ont besoin de lumière et d’électricité notamment pour pouvoir accéder à internet étudient au rythme des reprises et des coupures de courant.
"Pour s’y adapter, les gens ont dû changer beaucoup d’aspects de leur vie quotidienne ; certaines familles modifient leur horaire de sommeil pour qu’il coïncide avec les coupures ; des lycéens et des étudiants restent éveillés à toute heure pour profiter des quelques heures de connexion au réseau."
Encore dans la saison hivernale les gazaouis essaient de se chauffer et de préparer leurs repas avec du kerosène tout en faisant attention car là aussi la ressource est limitée.
Pour Ali Al-hayik, le responsable de la Fédération des Industries de Gaza, l'économie locale a essayé de maintenir le niveau d'emploi mais elle est assaillies par les désastres à répétition incluant le blocus israélien et leurs opérations militaires (NDK : dont le massacre de Gaza 2008-2009).

La situation des hôpitaux est très préoccupante
Les hôpitaux ont plus que jamais besoin d'électricité pour faire fonctionner les machines nécessaires pour soigner les patients. 
"Le Directeur des relations publiques, Ashraf Al-Qudra, a dit que la vie de 80% des patients était en danger, y compris celle de 100 bébés en couveuses et de 404 patients dont le traitement nécessite des équipements constamment alimentés en électricité."
Même constat pour l'adjoint du ministre de la santé pour qui les situations les plus critiques nécessitent de trouver une solution au plus vite .
"Les nurseries, les services de soins intensifs, les salles d'opérations sont sévèrement affectées. La crise devient dangereuse pour les plus vulnérables."
Avec le prolongement de cette de crise ce sont tous les hôpitaux qui seront bientôt hors d"état de marche.
"Si la centrale ne reprend pas dans les prochains jours certains hopitaux vont se retrouver sans électricité" prévient Mahmud Daher qui est responsable en charge de l'Organisation Mondiale de la Santé à Gaza.



Des disputes internes
Selon reuters la crise est entièrement la faute du Hamas qui mêle une pression fiscale inadéquate avec un refus de nouer un contact politique avec l'Autorité palestinienne pour trouver des solutions.
En 2006, le Hamas fraîchement élu dans les territoires palestiniens est entré en conflit avec le Président palestinien Mahmoud Abbas.
S'en est suivie une lutte sur fond de guerre civile pour le contrôle de la bande de Gaza qui s'est finie 18 mois plus tard en faveur du Hamas.
Selon un officiel d'une NGO (qui souhaite garder l'anonymat), la crise vient du fait que le Hamas refuse d'acheter le carburant chez l'Autorité palestinienne via Israël.
De plus, pour se procurer des revenus le Hamas lèverait des taxes sur les produits qui entrent sur le territoire gazaoui qui se répercutent sur la population et les entreprises locales. 
Une population qui fait de plus en plus ressentir son mécontentement et qui pourrait bien le manifester dans les urnes si des élections avaient lieu. A moins que le couvercle ne saute... souligne l'article de reuters.


Une politique internationale peu favorable à la Palestine
Le problème de la Palestine a intégrer des instances internationales et de trouver des partenaires politiques et économiques est d'autant plus difficile que les Etat-Unis et Israël s'y opposent.
Lors de la dernière tentative de réconciliation du Hamas et du Fatah en Egypte, Les Etats-Unis ont prévenu qu'un tel accord remettrait en cause le processus de paix avec Israël.
En parallèle, les services egyptiens avaient été prévenu par George Mitchell, l'envoyé spécial U.S au Moyen-Orient, qu'un accord en contradiction avec leurs principes ne serait pas accepté.
Lorsque la Palestine a voulu et a réussi à intégrer l'Unesco, l'organisation s'est vue imposer une coupe budgétaire énorme par les Etats-unis et Israël en réponse à sa prise d'initiative .
Les mystères de la masse monétaire américaine et la crise de la dette ne semblent pas altérer la résolution des USA à faire preuve de moins de générosité.
Lorsque le jeudi 3 novembre 2011 l'Organisation des nations unies pour l'éducation décide de donner le statut de membre à part entière à la Palestine il s'en est suivi des mesures à l'encontre du peuple palestinien aussi.
Israël gèle le transfert de fonds qui représentent 50 millions de dollars par mois au titre des droits de douanes et de TVA prélevés sur les marchandises à destination des palestiniens et qui transitent par les ports et aéroports israéliens.
"Il a également été décidé de geler à titre provisoire, jusqu'à ce qu'une décision définitive soit prise, les transferts de fonds destinés à l'Autorité palestinienne".
Les opportunités pour développer de nouveaux partenariat en plus d'une unité politique nationale sont difficiles à réaliser.
Mais pour la Palestine le cap reste le même selon son Ministre des Affaires Etrangères Riad Al-Malki : "Nous ne voulons pas dévier de nos efforts, car notre adhésion aux autres organisations internationales sera automatique dès que nous serons admis comme membres à part entière de l'ONU".


Un accord en passe d'être atteint avec l'Egypte et un envoi de carburant de la Croix Rouge pour les hôpitaux
Le Hamas fait dernièrement face à des difficultés liées à sa condamnation du régime syrien et de ses exactions lui faisant perdre des subventions accordées par l'Iran.
Dans le même temps la recherche de nouveaux partenaires ne se fait pas sans rencontrer de blocages et le mécontentement de la population locale envers le Hamas est croissant.
Ceci dit, un accord global aurait été conclu pour mettre fin à la crise de l'électricité dans la bande de Gaza selon le porte parole du Hamas Taher Al-Nunu.
La banques islamique de développement et les responsables egyptiens seraient parvenus à  un accord avec Ismail Henye le premier ministre de la bande de Gaza.
Le plan pour résoudre cette crise devrait se déployer en trois étapes :
-Les prix seront basés sur le prix international et le carburant sera transporté par des voies adéquates.
-La banque islamique de développement prévoit de financer un projet pour moderniser et accroître la capacité de la centrale électrique gazaoui de 40MW.
- la connection du réseau électrique de la de la bande de Gaza au réseau électrique egyptien et le passage du diesel au gaz
Toujours selon Al-Nunu l'Organisation de la Coopération Islamique contribuerait à hauteur de 32,5 millions de dollars (environ 24,5 millions d'euros) via la banque de développement islamique.
Enfin, ce jeudi le comité international de la croix rouge déclare envoyer 150 000 litres de carburant par le passage d'Abu Karam au ministère de la santé à Gaza. 
Cet envoi est effectué pour assurer le fonctionnement des hôpitaux pour les dix prochains jours.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire